Celine
Les extraits
Extrait numéro 1 :
« Tout de suite après ça, j’ai pensé au maréchal des logis Barousse qui venait d’éclater comme l’autre nous l’avez appris. C’était une bonne nouvelle. Tant mieux ! que je pensais tout de suite ainsi « C’est une bien grande charogne en moins dans le régiment ! » Il avait voulu me faire passer au Conseil pour une de conserve. « Chacun sa guerre ! » que je me dis. De ce côté-là, faut en convenir, de temps en temps, elle avait l’air de servir à quelque chose la guerre ! J’en connaissais bien encore trois ou quatre dans le régiment, de sacré ordures que j’aurais aidés volontiers à trouver un obus comme Barousse.
Quand au colonel, lui, je ne lui voulais pas de mal. Lui pourtant aussi il était mort. Je ne le vis plus, tout d’abord. C’est qu’il avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l’explosion et projeté jusque dans les bras du cavalier à pied, le messager, fini lui aussi. Ils s’embrassaient tous les deux pour le moment et pour toujours. Mais le cavalier n’avait plus de tête, rien qu’une ouverture au-dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglous comme de la confiture dans la marmite. Le colonel avait son ventre ouvert, il en faisait une sale grimace. Ça avait dû lui faire mal ce coup-là au moment où c’était arrivait. Tant pis pour lui ! S’il était parti des les premières balles, ça ne lui serait pas arrivé. Toutes ces viandes saignaient énormément ensemble. Des obus éclataient encore à la droite et à la gauche de la scène. »
Extrait numéro 2 :
« Tout de suite, à l’envers du couvercle était collée une photo d’une petite fille. Rien que la tête, une petite figure bien douce d’ailleurs avec des longues boucles, comme les portait dans ce temps-là. J’ai pris le papier, la plume et je refermais vivement la boite. J’étais bien gêné par mon indiscrétion, mais je me demandais pourquoi aussi ça l’avait tant bouleversé. […]. Ça serait une confidence toute à fait pénible à