Cendrars
La Banlieue de Paris
Cendrars est un écrivain suisse dont la carrière s’amorce à Paris, à l’Hôtel des étrangers, et comme il tient à le préciser, dans la maison où fut écrit le roman de la Rose. Cendrars n’est pas un écrivain qui revendique une appartenance nationale, sociale ou littéraire. Sa volonté d’être au cœur du monde, son goût d’errance et de vagabondage, font de lui « un écrivain mondiale », premier de son nom.
Suis-je pélagien comme ma nounou égyptienne ou suisse comme mon père, Ou italien, français, écossais, flamand comme mon grand père ou je ne sais plus quel grand aïeul constructeur d’orgues en Rhénanie et Bourgogne ou cet autre Le meilleur biographe de Rubens ? Et il y en a encore un qui chantait au Chat Noir, m’a dit Satie. Pourtant je suis le premier de mon nom, puisque c’est moi qui l’ai inventé de toutes pièces.[1]
Cendrars a toutefois un atavisme, puisque qu’il compte parmi ses aïeuls un autre voyageur et bibliophile, le valaisan Thomas Platter (1490-1582) qui, selon la légende, descend de sa montagne à quatorze ans pour parcourir l’Allemagne, la Hongrie et la Pologne. Mais le goût du voyage est loin d’être typiquement suisse. Une tradition romantique américaine, par exemple, de Walt Whitman à Kerouac en passant par Thoreau, fonde aussi une démarche littéraire sur la quête du monde. Les descriptions que Cendrars fait de Paris – ville qui compte pour Cendrars sur le plan des rencontres artistiques[2], s’articulent autour de deux thèmes, d’ailleurs récurrents à l’œuvre de Cendrars : la misère et la modernité. Cendrars divise la Banlieue de Paris, d’après les quatre points cardinaux de la ville. Paris sud, Paris ouest, Paris est, Paris nord. Sur le plan de la construction, c’est sur le mode de l’association libre que s’enchaînent les quatre parties. Chacune de ces parties motivent des compositions