Cest pas moije le jure
> > > Aurélien Boivin
Premier roman de Bruno Hébert et premier volet d’une trilogie, C’est pas moi, je le jure !, se veut le regard lucide d’un adulte sur le monde de l’enfance en allée, « un voyage initiatique dans le monde merveilleux de l’enfance déchirée ». Si le héros narrateur, Léon Doré, fils de bourgeois, se projette dans la peau du gamin de dix ans qu’il a été et s’interroge, comme lui, sur le sens de l’existence et sur le monde des adultes, le roman n’est pas pour autant autobiographique. À la suite de la séparation de ses parents, qu’il changerait bien volontiers, et du départ de sa mère pour la Grèce, le jeune garçon, qui souffre d’un problème de dédoublement de la personnalité, se transforme complètement. Il vandalise la maison des voisins, partis en vacances sur la Côte Est américaine, puis vole une importante somme d’argent chez d’autres voisins dont il saccage aussi la maison, bien aidé par son amie Clarence, qui rêve comme lui de liberté, certes, mais aussi de se fabriquer une identité dans ce monde d’adultes où le mensonge est roi. C’est encore en compagnie de cette fillette délurée, mais malheureuse, qu’il part à la recherche d’une sorte d’Eldorado, loin de son quartier trop embourgeoisé où, à l’aide de l’argent dérobé, il peut acheter un plein sac à poubelle de bonbons assortis, dont un lot de gommes balounes Bazooka, pour alimenter le Bubble Gum Club, « société secrète dont le but et la raison sociale étaient de mâcher de la gomme baloune et d’en accumuler si possible pour créer des réseaux d’approvisionnement » (p. 82). Cette intrusion dans un monde bien différent de celui qu’il a connu se termine mal : au retour de son escapade, son père, qui sait maintenant tous ses méfaits, l’attend sur le quai et le confie aux psychiatres de l’hôpital Sainte-Justine. Il en ressortira toutefois car, dans le deuxième volet, Alice court avec René (2000), Léon, qui a vieilli d’une année, fait son