"Cet amour" Jacques Prévert. Analyse de texte.
Texte p. 140 édition Folio
Titre qui est en totale correspondance avec le thème, repris sous forme anaphorique : Insistance qui donne à cet amour une force et une omniprésence quasi obsessionnelle.
Emploi du déterminant démonstratif : double jeu car il participe d'une part à la volonté de mettre en relief, de présenter l'amour et il joue d'autre part sur l'incertitude : de quel amour s'agit-il ? Qui le connaît ? Qui est concerné ? Autant de questions qui suscitent la lecture.
Le propos est avant tout de définir cet amour à l'aide d'expansions nominales (adjectifs, participes passés et propositions relatives)
Les premières évocations « violent, fragile, tendre, désespéré » fonctionne comme un chiasme qui joue sur les oppositions pour signifier les divers aspects de l'amour, cependant intensifiés par l'emploi de « si ».
La structure (chiasme et opposition) se poursuit avec les vers suivants : « beau et mauvais », mauvais temps et temps mauvais « à prendre dans les deux sens : temps météorologique et temps chronologique.
La suite des adjectifs renforce l'idée que l'amour aussi merveilleux « si vrai, si beau, si heureux, si joyeux » soit-il ne résiste pas à l'épreuve du temps : pour marquer la rupture, pour casser le rythme binaire, Prévert ajoute un cinquième adjectif « dérisoire » annoncé par la conjonction « et » ,qui au lieu d'additionner la liste des précisions mélioratives les soustrait et les dévalorise .
Une dernière opposition « tremblant » et « sûr » associée à « peur » et « tranquille » révèle l'ambivalence de cet amour et le personnifie avec les comparaisons humaines « enfant, homme ».
Peu à peu cet amour est identifié.
D'abord, il s'oppose aux autres dans son aspect le plus sombre « peur » blêmir » mais ensuite il se fait attendre « guetté » par les autres mais surtout par un « nous » qui engage le poète et sans doute l'être aimé.
Le démonstratif « cet » devient une évidence