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A l’inverse, Denis Boisseau (document 2) montre que le détour constitue une réponse appropriée contre l’ordre appauvrissant et handicapant du monde. Même Jean de La Fontaine (document 3) rappelle que la ruse représente certes une “tromperie”, mais salue le pragmatisme et l’intelligence de celui qui sait en faire usage. Jacques Attali (document 4) n'hésite pas quant à lui à voir dans la ruse une forme de pensée plus efficace et pratique. Enfin, Georges Balandier (document 1) va jusqu'à célébrer l’art et la sagesse du rusé. Sa réflexion emprunte à l’histoire mythologique, un certain nombre d’exemples.
Nous allons aborder cette problématique selon trois perspectives : en premier lieu, nous verrons combien réfléchir à la ruse nécessite une définition qui la crédibilise et en définie les limites. Puis, nous insisterons sur l'idée majeure du corpus qui invite à interpréter la ruse comme une forme d'intelligence supérieure. Enfin, nous terminerons par un point de vue plus global, à la fois historique et culturel : si les grands mythes antiques, l'art militaire de la Chine ancienne ou nos fables classiques ont justifié la ruse, c'est qu'elle permet d'appréhender plus subtilement la complexité du monde.
Tout d'abord, il convient de proposer une définition de la ruse. Si la ruse est plus communément interprétée comme un stratagème utilisé pour tromper, il n'en demeure pas moins que la ruse amène à beaucoup d'habileté, de finesse et d'intelligence. Jacques Attali n'hésite pas à affirmer que « ruser n'est pas mentir ». Extrait de Chemins de Sagesse, Traité du