L'opinion constitue la représentation que chacun se fait face à une situation ou un objet, elle est fondamentalement une attitude du sujet dans une certaine situation, elle est donc subjective et particulière. La vérité, elle, a une prétention à l'objectivité et à l'universalité. Il est donc a priori contradictoire de prétendre "à chacun sa vérité", alors que chacun peut légitimement avoir ses opinions propres. Si l'on considère que seul un sujet peut se faire une représentation de quoique ce soit, il vient qu'une représentation est nécessairement d'abord subjective et particulière. Donc aucun homme n'est fondé à prétendre que la représentation d'un autre serait "fausse", d'une part parce qu' aucun n'est exactement dans la même position qu'un autre, et n'a donc le même point de vue, d'autre part parce que cela comporterait l'illusion, non exempte d'une prétention à la supériorité, de se croire capable de juger de manière exhaustive du jugement d'un autre (ou encore, pour parler de manière imagée, de croire que l'on est capable de savoir comment l'autre voit). Y aurait-il vraiment quelque chose à découvrir, comme le suppose la notion de vérité, qui soit indépendant de tout regard particulier ? Et s'il existait une telle chose, qui saurait en rendre compte, puisque chacun n'a que son propre point de vue ? Il faudrait supposer posséder une sorte d'œil de dieu, infiniment supérieur à tout œil particulier, à toute appréhension d'un œil particulier. Protagoras affirmait déjà que "l'homme est la mesure de toutes choses", en quoi l'on peut déjà comprendre qu'il n'existe aucune vérité "en soi". Selon toute une tradition philosophique, partant de Platon, et aboutissant notamment à Bachelard, l'opinion est disqualifiée dans toute prétention à rendre compte validement de quoique ce soit. Mais d'une double manière, on peut prétendre qu'une opinion ne peut jamais être fausse. D'une part, elle est bien ce avec quoi le sujet appréhende et manipule le réel. Etant