Chamoiseau, ecriture du soupçon
Tout le para texte d’Antan d’enfance nous renseigne sur un roman autobiographique, le symbole d’une œuvre de la créolité, récit du parcours d’un petit martiniquais appelé « le negrillon » qui grandira dans cette île. Tout au long du livre, plus qu’un simple récit intime apparait sous nos yeux une poésie prenante dans un français détourné ré utilisé pour donner de l’énergie au discours. L’écriture de chamoiseau ne sert pas seulement une simple narration, elle tient un discours sur elle-même, elle est réflexive, elle cherche à comprendre les mécanismes qui la fonde et qui lui permet de partir à la recherche de souvenirs enfouit. Chamoiseau multiplie les interrogations et les rend visibles au lecteur. L’écriture de Chamoiseau aborde l’angle du soupçon et du doute à la fois sur ce qu’elle dit et comment elle le dit. Comment P. Chamoiseau, entre mensonge et réalité, nous représente une enfance à la fois privé et publique ? Pour répondre à cela nous verrons d’abord quel but il se donne en abordant les difficultés de l’écriture de l’enfance, ensuite nous verrons quels pièges la mémoire, outil majeur de la restitution de cette écriture, tend en permanence dans le projet de l’écrivain. Et enfin nous montrerons que le poète est le trait d’union entre le passé et le présent, la solution aux soupçons et aux doutes de l’auteur.
I la difficulté de l’écriture de l’enfance
a)l’enfant/l’adulte Chamoiseau est confronté comme beaucoup d’écrivains au problème de restitution d’une enfance dont ils ont une méfiance d’adulte (Yourcenar ne peut se reconnaître dans l’enfant que son entourage décrit – ressent un décalage entre sa représentation photographique et l’image qu’elle a d’elle au présent. Elle ressent l’image de l’enfant comme une construction sociale – perçoit un fossé passé/présent qui déformerait l’Histoire et la montrerait comme une création), une méconnaissance. Dans Antan d’enfance, il existe un va-et-vient permanent entre l’imaginaire de