Chamoiseau - l'esclave vieil homme et le molosse / un dimanche au cachot
Sujet à traiter : « Patrick CHAMOISEAU révèle un problème crucial : la perte d’identité et l’absence de mémoire, nécessaires à l’édification de tout peuple colonisé »
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A travers son roman « L’Esclave Vieil Homme et le Molosse », paru en 1997, Patrick CHAMOISEAU révèle un problème crucial, celui de la perte d’identité et de l’absence de mémoire. L’identité qui est liée à la mémoire est cependant l’élément fondamental et nécessaire à l’édification de tout peuple colonisé. Or, l’auteur se trouve confronté à une problématique de l’impossible, car la perte d’identité et l’absence de mémoire sont des éléments d’autant plus intrinsèques, qu’il s’agit ici de colonisation d’un peuple déporté, pour lequel la rupture s’opère forcément par une double déchirure, autant physique que morale. La déportation aussi dévastatrice qu’inhumaine va constituer le berceau de la destruction dans l’horreur, en donnant le jour à une dimension de l’impensable. Le thème évoqué ici trouve également son prolongement dans le roman « Un Dimanche au Cachot » dans lequel, dix années plus tard, l’auteur explore les méandres d’une mémoire à travers une fiction moderne.
La perte d’identité et de mémoire constitue une tragédie pour le peuple colonisé. En effet, le trauma originel s’inscrit dans l’effacement primordial identitaire, où toute constitution de repère s’avère impossible. L’esclavage établit une rupture de la mémoire et la perte de l’identité, composants inéluctables et basiques de la construction de l’être. « A quoi bon explorer l’inconnu, brasser l’inconnaissable ? Comment en ramener une vertu d’existence ? » (Un Dimanche au Cachot – P 269). L’Africain déporté est dépossédé de tous ses repères environnementaux, mais aussi socioculturels comme sa langue, son cadre mental, ses dieux, ses rituels ; dépossession par laquelle s’opère une véritable « castration » de l’assise de l’être en devenir. Cette rupture provoque