changer ses désirs
Ne voulant pas, par une puissance infinie de la volonté, tout ce que je ne peux pas avoir, je ne peux pas souffrir de ne pas l’avoir. Plutôt que d’être soumise aux choses, la volonté se soumet toutes choses en n’adhérant pas à ce qui nous est refusé. La liberté va donc consister à bien distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Or, ce qui dépend de nous, ce sont nos désirs et nos passions. Mais changer ses désirs ne veut pas dire renoncer à tout désir. Cela veut dire régler ses désirs en jugeant ce qui est en notre pouvoir. C’est parce que la volonté est absolument libre qu’elle peut s’arracher à la tyrannie des désirs et nous rendre heureux.
Descartes, peut-être à la différence des stoïciens, ne rejette pas les passions et les désirs, mais il condamne le dérèglement que peut introduire notre imagination dans notre rapport aux choses. Nous avons malheureusement acquis dans notre enfance de très mauvaises habitudes : en pleurant, en commandant, nous nous sommes fait obéir de nos nourrices, et nous avons eu ce que nous demandions. Or, être libre, pour Descartes, c’est exactement l’inverse, puisque c’est faire la différence entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Être libre, c’est sortir de l’enfance, i.e., sortir d’un état dans lequel on cherche à