Charles cros plainte commentaire composé
"... Charles Cros, grand poète et grand savant à la fois, fut un type d'homme complet extrêmement rare. Plusieurs ne lui pardonnèrent point une telle maîtrise, beaucoup ne s'en rendirent même pas compte. On le regarda par le gros bout de la lorgnette, on chercha à le rapetisser de toutes les manières, ou bien, plus simplement, on affecta de l'ignorer, de le passer sous silence. . . Ceux qui reprochent à Charles Cros de n'avoir pas été un patient réalisateur n'oublient qu'une chose : c'est que mon père ne fut jamais un savant spécialisé, ni un technicien à proprement parler. Il fut exactement le contraire, un cerveau scientifique, ouvert à tous les problèmes, un de ces hommes dont la mission consiste à ouvrir les voies et à projeter, dans les épaisses ténèbres d'ignorance qui nous pressent de toutes parts, de vifs faisceaux de lumière nouvelle..." (Mercure de France du 1er mai 1927.)
Cros appartient à une génération qui, entre la Commune étranglée et la défaite de 1870, a vu l'avènement du Second Empire et la fin de toutes les illusions politiques. C'est cette époque, où le dégoût prime sur la révolte, que l'on nomme Décadence. Charles Cros n'appartient à aucun groupe fixe, à aucune école, mais il fréquente les cercles hétéroclites où se réunissent les artistes bohèmes et de fantasques révolutionnaires : le salon de Nina de Villard, sa maîtresse, les Zutistes, le Chat Noir, les Hydropathes, pour n'en citer que quelques uns. Il a fréquenté Verlaine et Rimbaud, avec lesquels il a pu échanger des idées sur la poésie. La