Charles Quint et l'Allemagne (1548)

Roi d'Espagne depuis 1516 et Empereur du Saint-Empire romain germanique depuis 1519, Charles Quint rêvait d'embrasser une unité chrétienne impériale. Cependant, son rêve va se voir briser par différentes oppositions qui vont l'affaiblir tout au long de son règne ; à commencer par les quatre-vingt quinze thèses de Luther en 1517 qui vont engendrer la division religieuse de l'Europe. S'ajoute à cela l'alliance que l'ennemi de l'empereur, François Ier, a nouée avec Soliman le Magnifique le sultan ottoman, afin d'affronter Charles Quint. Plusieurs années de guerre vont s'ensuivre entre les trois chefs les plus puissants d'Europe et cela aboutira a plusieurs traités de paix entre les chefs ennemis ainsi que la victoire de l'empereur à Mühlberg en avril 1547 face aux princes protestants allemands. Ayant rétablit la paix, Charles Quint en profite pour préparer sereinement sa succesion car, agé de quarante-sept ans, malade et usé par ses fatiguants voyages dû à son empire morcellé, il pense que sa fin est proche. Il rédige son testament politique exclusivement adressé à Philippe II, le 18 janvier 1548 à Augsbourg avec l'aide de son proche conseiller le cardinal de Granvelle. Le document que nous avons ici, est un extrait de ce testament politique archivé dans les papiers d'Etat du cardinal qui sont aujourd'hui conservés à la bibliothèque de Besançon. Charles Quint cherche à faire connaître à son fils les différentes situations des Etats de l'Empire et des Etats européens. A travers cette assurance d'empereur agé et mature qu'il fait percevoir dans ce document, on peut tout de même distinguer une once de doute vis-à-vis des rapports qu'il entretient avec les chefs de ces Etats. En quoi Charles Quint indique-t-il à son fils les instructions nécessaires et points importants de sa politique afin d'assurer sa succession ? Nous verrons d'abord dans une première partie la préoccupation interne de Charles Quint pour le devenir de son Empire