Charlie chaplin
“ Ce besoin est multiple : ce qu’il cherche, c’est bien la vérité, mais c’est aussi l’ivresse de la tension héroïque, et la gloire qui couronnera cet héroïsme. Le besoin essentiel, cependant, semble être celui de s’installer dans une identité à toute épreuve (...) Rousseau force la réalité, pour composer le mythe de son existence ”.
Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau : la transparence et l’obstacle.
Manifeste du cinéma chaplinien
Pour exister, je dois être filmé. Tel pourrait être le credo de tout le cinéma chaplinien. Lorsque l’on revoit la première apparition du personnage Charlot au cinéma, dans ce court-métrage intitulé Kid’s auto race at Venice d'Henry Lehrman (une production Mack Sennet, sortie le 7 février 1914), Chaplin le comédien nous dit tout l’enjeu vital qu’il confère au cadre cinématographique. Pour être, je dois être vu, aimé et reconnu. Trois étapes, trois moments simultanés et insécables, qui signent une identité singulière où il n’aura cesse d’instaurer une relation privilégiée avec le public et son spectateur. Être vu, aimé et reconnu. S’emparer du cadre, occuper le champ sur-le-champ. Tous les champs des possibles. Tel pourrait être le discours de principe du “ gêneur ” Charlot. Hors du cadre de la caméra, je ne suis rien. L’histoire ne peut advenir, seulement une pâle copie du réel : des petites voitures d’enfants faisant une petite course dans une province américaine quelconque. Moi tout entier apporte la fiction, le ridicule, la fantaisie, l’énervement, le débordement. Mon corps affecte une particulière sensibilité en suturant tous les regards du monde à mon sujet. Je n’est pas un autre, les autres c’est moi toute entier.
Ca « carnasse » déjà avec cette introjection-dévoration visuelle
Comment ne pas songer à cet ineffable comportement humain qui fait se précipiter, depuis plus de cent ans, toute personne devant l’objectif de la caméra afin d’être sûr qu’on le voit (1). Que quelqu’un atteste qu’il était