Chingatomes
Rose, Mary Ellen. _Que le diable l'emporte: Réalisme merveilleux et religion dans La Chaise du maréchal ferrant_.
_canlit.ca_. Canadian Literature, 13 Dec. 2011. Web. 9 Feb. 2014.
Originally appeared in _Canadian Literature_ #142-143, Autumn/Winter 1994 (pg. 142 - 156).
M a r y
E l l e n
R o s s
Que le diable l'emporte réalisme merveilleux et religion dans La Chaise du maréchal ferrant
S i le regard des critiques, tant québécois que latinoaméricains, commence à porter depuis une dizaine d'années sur l'étude comparatiste de ces deux littératures,' il n'en reste pas moins que le terrain est à peine déblayé. Bernard Andrès le reconnaît bien lorsqu'il situe sa propre démarche dans "l'état encore embryonnaire de la recherche sur l'axe nord-sud."2 Les premiers jalons d'une critique à la recherche de liens possibles entre les littératures québécoise et latino-américaine dégagent quand même un certain nombre de points de convergence, dont l'importance d'une thématique de l'identité.3 Par contre, malgré la condition de colonisés qu'on attribue souvent aux Québécois et aux citoyens de l'Amérique latine,4 la critique affirme la plus grande influence européenne, et surtout française, sur la littérature québécoise, car le Québécois garderait "l'attitude d'une certaine façon déférente (...) pour la culture et la langue françaises."5 Selon
Flavio Aguiar, écrivain et professeur brésilien, l'insécurité des Québécois à affirmer leur littérature les distinguerait de ses concitoyens; il attribue cette insécurité de la "littérature-fille" au statut de la "littérature-mère," la française, comme une des grandes littératures du monde.6 Certains critiques québécois partagent la perception d'une "contradiction dans l'américanité québécoise"7: Gilles Thérien reconnaît la particularité du Québec, qui
"peut jouer alternativement la carte européenne en affirmant sa francité ou la carte nord-américaine au nom de son américanité."8 Ces