Chénier "derniers vers". sujet d'invention : dialogue du poète en prison
Les Iambes ont été composés pendant la Terreur, alors que Chénier attendait son exécution à la prison Saint Lazare
Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre Animent la fin d'un beau jour, Au pied de l'échafaud j'essaie encor ma lyre. Peut-être est-ce bientôt mon tour. Peut-être avant que l'heure en cercle promenée Ait posée sur l'émail brillant, Dans les soixante pas où sa route est bornée, Son pied sonore et vigilant, Le sommeil du tombeau pressera ma paupière. Avant que de ses deux moitiés Ce vers que je commence ait atteint la dernière, Peut-être en ces murs effrayés Le messager de mort, noir recruteur des ombres, Escorté d'infâmes soldats, Ébranlant de mon nom ces longs corridors sombres, Où seul dans la foule à grands pas J'erre, aiguisant ces dards persécuteurs du crime, Du juste trop faibles soutiens, Sur mes lèvres soudain va suspendre la rime; Et, chargeant mes bras de liens, Me traîner, amassant en foule à mon passage Mes tristes compagnons reclus, Qui me connaissaient tous avant l'affreux message, Mais qui ne me connaissent plus.
Notes de vocabulaire : Zéphyre : vent léger / avant que l’heure… vigilant : avant que l’heure ne se soir écoulée / noir recruteur des ombres : le gardien chargé d’annoncer les noms de ceux qui allaient être guillotinés / dards : organes piquants de l’insecte ou flèches / reclus : prisonniers
Sujet d’invention :
Chénier partage sa cellule avec un autre détenu qui l’a vu écrire et s’en étonne. Le poète lui répond.
Rédigez leur dialogue.
« Tu sais, je t’ai vu passer tout à l’heure dans le couloir nord. Tu marchais à grands pas, tes mains crispées sur un précieux feuillet, tes lèvres sèches murmurant des mots inaudibles. Tu ne semblais ni voir ni entendre personne, tout replié en dedans de toi. Le marquis et moi nous nous sommes demandés ce que tu écrivais encore.
- Devine, chevalier.
- Je ne sais pas