Cinéma italien
– Le miracle économique
Le pays entre dans les années 60 avec l'impression que le miracle économique est en train de balayer tous les obstacles. L'Italie devient un extraordinaire laboratoire social où cohabitent des maentalités, des traditions culturelles et morales profondément différentes. La fracture entre le Nord et le Sud tend encore à se creuser. Ainsi dans les facettes d'une société aux mille visages, les auteurs de films – fidèles à la tradition réaliste – peuvent trouver tous les matérieux « humains » dont ils ontbesoin pour construire leurs oeuvres. La richesse du cinéma italien se mesure alors à sa diversité et à l'équilibre relativement harmonieux entre un cinéma d'auteru et un cinéma de genre, entre des films politiquement engagés et des oeuvres de pur divertissement destinées à un public qui n'a pas encore délaissé les salles de cinéma pour le petit écran de la télévision. Ce n'est pas par hasard que se développe au début des années 60, la comédie
« à l'italienne », avec des oeuvres inoubliables. Dans La Grande Pagaille , Luigi Comencini évoque la confusion qui règne en Italie en 1943, à un moment de transition entre la chute du fascisme et la naissance de la Résistance à l'oppression nazie ; avec Une v ie difficile , La Marche sur Ro me , Les Monstres , Dino Risi évoque le passé fasciste de l'Italie, la difficile reconstruction morale du pays et la vaine folie du boom économique ; avec
La Grande Gue rre et Les Cama rades , Mario Monicelli se penche en termes comiques sur les luttes ouvrières du siècle derniers et sur la terrible épreuve de la Première Guerre
Mondiale ; enfin, avec Div o rc e à l'i talienne , Pietro Germi dénonce les aberrations du code pénal italien, qui permet à un mari trompé d'assassiner sa femme sans encourir autre chose qu'une légère peine de prison, tandis qu'avec Ces m e ss ieur s-da mes (Palme d'Or à Cannes en 1966), il fait une description au vitriol de la bonne société