Circulaire de la societe irlandaise
New-York, le 25 février 1844. Concitoyens, La période de l’année choisie ordinairement pour les personnes qui se disposent à émigrer d’Irlande aux États-Unis, approchant de nouveau, le comité de la Société de l’émigration irlandaise, en conformité de la résolution adoptée les deux années précédentes, croit qu’il a le devoir impérieux de publier cette année une nouvelle adresse à ses concitoyens. L’irréflexion et l’imprévoyance qui poussent vers les États-Unis des milliers d’Irlandais de la classe la plus pauvre, abandonnant trop souvent les modestes moyens de bien-être de leurs vieux foyers pour la trompeuse espérance d’améliorer leur sort, nous obligent à renouveler nos avertissements contre une démarche qui, étant faite inconsidérément, peut imposer aux infortunés exilés la misère et le dénuement à un degré qui, trop tard, se révèle irréparable, sans remède. Il y a des personnes trop disposées à s’imaginer que si une fois elles ont le pied aux États-Unis, leur marche doit être ascendante et leur carrière à l’abri des vicissitudes. Mais ce résultat est rarement atteint, excepté par ceux qui possèdent les conditions exigées pour le succès. L’Amérique n’est pas la place des simples aventuriers. Un homme, pour réussir ici, doit être propre à quelque occupation lucrative. Il ne devrait pas venir sans un but déterminé, et, quelle qu’en soit la nature, il devrait avoir les moyens d’arriver lui-même à la position la plus favorable à sa réalisation. Un bon artisan, un bon ouvrier, possédant les ustensiles nécessaires à l’exercice de son métier ou de la vocation, manquent rarement d’occupation. Un agriculteur praticien, disposant d’un capital modéré, peut facilement trouver une bonne ferme, ou, s’il est doué d’entreprise, quelques centaines d’acres qui rendront promptement cent pour cent de tout placement fait avec une ordinaire circonspection. Les ouvriers de ferme ne