Citoyenneté en france et en russie
Quelques mots pour commencer sur le titre donné à ce colloque. L’expression « nouveaux enjeux » est en effet susceptible de renvoyer à diverses réalités qui toutes peuvent, à leur façon, traduire les évolutions affectant une notion aussi fondamentale que la citoyenneté pour comprendre le fonctionnement des démocraties libérales contemporaines. On pourrait tout d’abord considérer qu’il y a aujourd’hui apparition de nouvelles formes de liens juridiques s’établissant entre les individus et les organisations politiques (l’Etat en premier lieu évidemment) qui leur confèrent cette qualité. Il pourrait aussi s’agir de rendre compte des implications que la consécration des droits de l’homme aujourd’hui dénommés droits fondamentaux dans l’ordre juridique positif des Etats produit sur le concept de citoyen. Le « passage d’une immigration de travail à une immigration de peuplement » pour reprendre les termes de la Présidente du Haut conseil à l’intégration, B. Kriegel, et ses conséquences sur l’élaboration de politiques migratoires par les Etats, serait un autre thème lié aux mutations contemporaines de la notion de citoyenneté. Le phénomène de globalisation et la mise en cause des souverainetés étatiques n’est lui non plus pas étranger aux variations qui affectent la notion aujourd’hui.
Ces questions et la manière de les envisager sont abstraites. Autrement dit, elles ressortissent à une approche théorique portant sur les concepts de « citoyen » et de « citoyenneté ». La fécondité d’une telle approche pour juger de la « nouveauté » de ces enjeux et problèmes est dès lors subordonnée à une compréhension identique, ou en tout cas suffisamment analogue, du concept par ceux qui en font l’usage. Dispose t-on d’un même concept de citoyenneté en France et en Russie ? Les utilisations juridiques et plus généralement sociales qui en sont faites dans nos deux pays autorisent-elles une