Citoyenneté
Introduction
Originellement liée à la démocratie dont elle est l’un des « rouages » essentiels, la citoyenneté moderne est néanmoins l’aboutissement d’une succession de conceptions. Par ce que représente la citoyenneté, c’est la question du fondement de l’autorité politique qui est soulevée, et par là même de son obéissance.
Le civis romanus était défini en terme de statut juridique. La citoyenneté athénienne était l’expérience du primat du citoyen grec athénien sur les autres identités (femmes, métèques, esclaves). La polis, selon Aristote, c’est la communauté des citoyens organisés politiquement. Cette abstraction est une utopie créatrice, fondée sur l’idée d’égalité de tous les citoyens en tant que citoyens, quelles que soient, par ailleurs, leurs différences et les inégalités qui les séparent. C’est la Cité grecque qui a inventé le « citoyen » comme membre de la communauté des citoyens libres et égaux. Le lien de l’homme avec l’homme va prendre ainsi, dans le cadre de la cité, la forme d’une relation réciproque, réversible, remplaçant les rapports hiérarchiques de soumission et de domination.
Aristote décrivaient ainsi les citoyens démocratiques comme des hommes qui gouvernent et sont gouvernés tour à tour, il ne se référait pas à la fonction législative (faire des lois puis leur obéir), mais plutôt à la fonction exécutive (assurer une charge publique puis se soumettre à ceux qui l’assurent).
Mais c’est Rousseau qui donne à la citoyenneté ses fondements philosophiques modernes, la reliant à la théorie de la participation volontaire. Nous verrons que le citoyen, dans le Contrat Social, est l’individu libre et autonome, qui élabore ou prend part à l’élaboration de la loi à laquelle il obéit : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.». (Livre I, chap. 8) Le paradoxe du citoyen est d’être à la fois un homme libre, détenteur de droits civils et politiques : il jouit des libertés individuelles, la