Classicisme
Considéré dans son acception technique, le classicisme est un phénomène bref, lié à la rencontre assez fortuite d’un pouvoir culturel, celui du règne monarchique absolu incarné par louis XIV, et d’une constellation de talents reconnus et célèbres, leur reconnaissance étant peut être plus importante sur ce plan que leur génie. Le phénomène se situe entre 1660 et 1680, cette dernière date pouvant être étendue jusqu’à la fin du XVII siècle.
Si l’on accepte ce cadrage temporel, des notions ouvertement chronologiques comme préclassique (applicable à l’un des modèles du classicisme, Malherbe, et à l’écrivain le plus dévoré dans les classes Corneille) ou post – classique( applicable à des partisans enthousiastes du classicisme, comme la bruyère) peuvent être utilisées sans trop d’arbitraire.
En revanche, si l’on veut ramener le classicisme à sa définition pédagogique, élaborée après les années 1850 et très élargie, les critères s’affaiblissent, se brouillent, parfois s’évanouissent ; cependant, la notion bourgeoise et didactique du classique, et même la fiction de ses quatre mousquetaires, racine, Molière, la fontaine et Boileau, amalgame fabuleux et société secrète imaginaire, pèse d’un poids immense dans la transmission de la tradition et des idées reçues. Bien entendu, la critique du XX siècle s’emploie pour détruire cette illusion, mais le mal était fait et se poursuit souvent en réaction naïves ou en préjugés plus élaborés. Faire remonter la genèse du classicisme aux critiques des années 1630-1640, Balzac, chapelain, Godeau, Vaugelas, est licite, mais revient à isoler un aspect, le gout esthétique, dans l’ensemble idéologique. En voir le germe chez le Ronsard de la maturité, ou chez Desportes, est pertinent, mais quasi anecdotique. Les principes classiques ainsi isolés ne sont que des attitudes sans racines sociales. Qui n’auront leur plein effet, et leur sens, qu’après cet enracinement. Avant les années 1660, il y a bien des classiques, mais