Classiques dans l'économie
Lionel Fontagné
Défini comme l’échange de biens ou services entre nations, le commerce international est un objet d’analyse circonscrit de façon nécessairement arbitraire : c’est le franchissement d’une frontière lors du déplacement d’un bien, ou à l’occasion de la fourniture d’un service, qui détermine le caractère international de l’échange. Deux dimensions – politique et spatiale - sont donc à prendre en compte : on peut alternativement examiner le commerce international du point de vue de l’échange entre localisations séparées par des frontières politiques, ou entre localisations distantes : Bruxelles - Paris versus New York – Los Angeles. Aussi le commerce interrégional, au sein des nations, et le commerce international ont-ils en commun de nombreux déterminants. L’ouvrage fondateur de la théorie classique du commerce international de Bertil Ohlin, publié en 1933, avait pour titre Interregional and International Trade. La « nouvelle économie géographique » (Krugman, 1991) a renouvelé cette tradition. Commerce international et production des multinationales à l’étranger doivent être soigneusement distingués. L’étude des faits stylisés montre que les échanges mondiaux progressent plus vite que la production mondiale mais que la production à l’étranger des multinationales augmente à son tour plus vite que ces échanges. La nature du commerce international s’en trouve affectée, ce dont devront rendre compte les théories explicatives. A la base de ces dernières, la théorie classique du commerce international montre que le commerce international n’est pas un jeu à somme nulle : la spécialisation des pays et l’échange sont à l’origine d’un gain net, ayant pour contrepartie des effets redistributifs au sein des pays se spécialisant. Ne permettant pas d’introduire de façon satisfaisante l’imperfection de la concurrence ou les rendements croissants, et confrontée à des problèmes de validation empirique, la théorie classique a néanmoins laissé