Colo-décolo
Phénomène qui n’a rien d’inédit, comme le prouvent de nombreux précédents historiques : colonisation romaine, arabe, et celle de l’Amérique qui est initiée par les Grandes Découvertes du XVIème siècle, et s’achève par une émancipation partielle au tournant du XVIIIème et du XIXème siècle (avec pour symbole l’indépendance des EU). Une nouvelle colonisation intervient entre 1850 et 1945, qui correspond à une période de véritable européanisation du monde, à la fois par l’émigration et la colonisation. Ce phénomène traduit la suprématie économique, technique, politique et culturelle du Vieux Continent. Inversement, l’affaiblissement de celui-ci sera ensuite l’un des facteurs majeurs de la décolonisation.
I. LE PARTAGE DU MONDE 1/ Les moteurs de la colonisation a/ Les facteurs matériels Vitalité démographique : l’accroissement de la population européenne est considérable jusqu’à la 2ème guerre mondiale (un habitant du monde sur trois est Européen). Ce dynamisme se traduit par un fort courant d’émigration (50 millions de départs entre 1820 et 1939). Plus de la moitié sont des anglo-saxons suivent les Allemands et scandinaves, puis les slaves, Italiens, et grecs prennent le départ à la fin du XIXème siècle. Ces émigrés propagent la civilisation européenne à travers le monde pour l’essentiel en Amérique, tandis que de petits flux établissent des colonies de peuplement en Australie et Nouvelle-Zélande, Afrique du Nord et du Sud. Mais le lien entre émigration et colonisation n’est pas absolu : la France dont la démographie est malthusienne dès le début du XIXème siècle construit le second empire colonial de la planète, tandis que l’Allemagne dont la croissance démographique est très forte a pour exutoire l’émigration vers les EU et n’a que de tardives et peu concluantes ambitions coloniales. Supériorité technique et intérêts financiers : le progrès technologique et scientifique assure aux Européens