Commantaire composé-[ fables de la fontaine ]- démocrite et les abdéritains
Recueil : II, parution en 1678.
Livre : VIII.
Fable : 26, composée de 49 vers.
Que j’ai toujours haï les pensers du vulgaire ! (1) Qu’il me semble profane, injuste et téméraire (2), Mettant de faux milieux entre la chose et lui, Et mesurant par soi ce qu’il voit en autrui !
5 Le maître d’Épicure (3) en fit l’apprentissage. Son pays le crut fou : petits esprits ! Mais quoi ? Aucun n’est prophète chez soi (4). Ces gens étaient les fous, Démocrite le sage. L’erreur alla si loin qu’Abdère députa (5)
10 Vers Hippocrate et l’invita, Par lettre et par ambassade, À venir rétablir la raison du malade : « Notre concitoyen, disaient-ils en pleurant, Perd l’esprit : la lecture a gâté (6) Démocrite ;
15 Nous l’estimerions plus s’il était ignorant. Aucun nombre, dit-il, les mondes ne limite ; Peut-être même ils sont remplis De Démocrites infinis. Non content de ce songe, il y joint les atomes (7),
20 Enfants d’un cerveau creux, invisibles fantômes ; Et, mesurant les cieux sans bouger d’ici bas, Il connaît l’univers, et ne se connaît pas. Un temps fut qu’il savait accorder les débats Maintenant