Comment le détour peut être un mode de connaissance, que le support soit un texte ou une image.
Dans notre société dont les maîtres mots sont vitesse et efficacité, le détour est considéré comme une perte de temps, un luxe que seuls peuvent se permettrent les oisifs, les improductifs. Pourtant le détour, dans bien des cas, a fait la preuve de son utilité, y compris dans des domaines où on ne l’attendait pas, comme l’apprentissage et la connaissance de manière générale. En quoi le détour aide-t-il à acquérir des connaissances ? Pour répondre à cette question, nous considérerons d’abord le détour comme complément à une pensée rationnelle systématisée puis comme manière d’appréhender les choses et les gens.
Le détour est l’indispensable complément à une pensée rationnelle systématiquement mise en action.
En effet, le champ du savoir est immense, il nécessite des approches variables. Mettre en place une méthode d’acquisition organisée et exhaustive tient de la gageure, se forger une culture générale n’est pas une simple affaire de liste de connaissances à engranger grâce à l’application de recettes toutes faites. Par exemple, apprendre par coeur une grammaire anglaise ne suffira pas pour parler anglais si on ne pratique pas régulièrement cette langue. Bien d’autres connaissances s’acquièrent par imprégnation progressive, comme la science philosophique (avec son vocabulaire et ses tournures d’esprit) ou même une bonne compréhension du monde qui nous entoure, en constant mouvement. Comme l’explique
Jacqueline de Romilly, lire les textes anciens, c’est accéder à une pensée qui nous aide à déchiffrer notre propre société. Ce détour nous propose en fait des modèles qu’on retrouve en oeuvre, plus ou moins adaptés, dans notre société. De plus, ce détour nous donne un recul, le point de vue de Sirius qui nous aide à prendre conscience de fonctionnements qu’on a tellement intégrés qu’ils passent inaperçus.
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