Commentaire antigone
Introduction
Antigone est une tragédie d'Anouilh, pièce en un acte, représentée pour la première fois en 1944 à
Paris, en pleine occupation allemande. Anouilh est un dramaturge du XXème à l'oeuvre particulièrement riche et variée (tragédies comédies satiriques...)
L'Antigone d'Anouilh est directement inspirée de celle de Sophocle que l'auteur affectionnait et qu'il avait lue et relue. Il a souhaité la réécrire à sa façon « avec la résonance de la tragédie que le monde était en train de vivre ». Le lien avec la Seconde guerre mondiale est donc direct. Chaque personnage représente des idées de l'époque en France : Antigone incarne la résistance tandis que Créon se fait le représentant du pétainisme.
Problématique : en quoi cette scène constitue -t-elle un affrontement argumentatif ?
I Un conflit théâtral
a. Deux langages
Chaque personnage possède sa propre façon de parler et l'opposition entre les deux se place tout d'abord sur le plan linguistique.
•
•
•
•
•
•
Créon emploie le tutoiement (« tu as toute la vie » l.1) tandis qu'Antigone conserve un vouvoiement très formel (« vous dites que c'est si beau la vie » l. 22) la longueur des répliques semble toujours inversée : lorsque Créon parle beaucoup, Antigone prend peu la parole. Lorsqu'au contraire elle parle, Créon intervient moins. Le dialogue n'est pas équilibré et la répartition de la parole témoigne déjà d'un désaccord.
Le langage du corps est également au travers des didascalies : Antigone « murmure » tandis que Créon ne semble pas sûr de lui (« a un peu honte ») mais rapidement a tension monte et du désaccord passif (« il hausse les épaules »), Créon en vient à être brutal (« il la secoue ») progressivement, la conversation devient tellement dérangeante pour Créon qu'il ne cherche plus qu'à y mettre un terme. On note la répétition de l'impératif « tais-toi ». le niveau de langue tend aussi à se dégrader (de « tu as ce trésor toi encore » à « imbécile »