Commentaire belle yolande
Au Moyen-Age, les femmes en brodant chantaient pour s’occuper l’esprit. On les appelle « chansons de toile ». C’est une forme ancienne du lyrisme médiéval. Le but est de dépeindre sur un mode narratif les éléments de la courtoisie, mais du point de vue féminin. Cet art, bien que populaire, est très bien maitrisé. Nous avons donc ici une chanson de toile adressée à Yolande, sa mère lui faisant des reproches. Nous allons étudier la façon dont le côté technique de la chanson va nous amener à un point de vue féminin de la société médiévale.
Tout d’abord, on remarque les répétions de « Belle Yolande » au début de la première et deuxième strophe, mais aussi à la fin de chacune de ces strophes. Cela crée une monotonie, accentuée par le rythme binaire. La première strophe est consacrée à décrire la scène. Les verbes associés à Yolande : « déplie » v.2, « coud » v.3, ainsi que les groupes nominaux : « étoffes » v.2, « fil d’or » v.3 et « de soie » v.3, relèvent tous du registre de la couture, de la broderie. Cela ajoute au sentiment de monotonie qui se dégage de cette chanson. A la strophe 3, Yolande émet des hypothèses introduites par « à quel sujet ? » v.8. Elle énumère ce qu’elle fait de ses journées : « coudre », « couper », « filer », « broder », « dormir ». Ce dernier étant le summum de l’immobilité. Dans sa réponse, la mère répète ces hypothèses en les précédant d’une anaphore en « ni » pour les nier. Ces répétitions créent une redondance, accentuée par la présence d’une sorte de refrain.
La mère, symbole de l’autorité, essaye de faire un reproche à sa fille. Pour cela elle prend son temps, un peu comme si elle hésitait à lui avouer. Elle répète donc à la fin des 5 premières strophes : « Je vous en fais reproche, belle Yolande. » la répétition de cette phrase à intervalles réguliers crée une attende pour le lecteur et pour Yolande, mais aussi un refrain. On se souvient alors bien qu’il s’agit là d’une chanson. Ce n’est qu’au