Commentaire claude simon - l'acacia, chapitre iv
De plus, le cavalier perd également la notion du temps et ses souvenirs se résument à des ombres ; elles sont décrites de façon à donner au lecteur l’impression que même elles sont plus puissantes que l’homme, étendu sur le sol : « montées sur des échasses » (l.17), « comme un animal fantastique » (l.19). Le dégât des armes est considérable et les soldats n’ont pas la force de les affronter, même l’air et l’espace en sont victimes : « flancs de chevaux, […], l’air, l’espace, comme fragmentés ; hachés eux-mêmes en minuscules parcelles, déchiquetées, par le crépitement des mitrailleuses » (l. 29 à 31)
On assiste aussi à une véritable déshumanisation du cavalier, qui prend des réflexes d’ « automate » (l.6). Son esprit et son corps semblent ne plus être en accord, il est pris sous le feu des mitraillettes et est complètement désarçonné. L’homme fuit la guerre et son instinct le réduit au statut animal : « il ne pourrait pas dire si ç’a été sa raison, sa volonté, ou quelque instinct animal qui l’ont fait se relever » (l.7 et 8), « comme si resurgissait en lui ce qui confère à une bête ».
A la fin de l’extrait, le cavalier prend la fuite, il court sans réfléchir vers un endroit abrité. On repense aux réflexes d’automates évoqués plus tôt. Ses actes et ses pensées se mélanges : « cessant brusquement de le voir, ne voyant plus alors que la barre horizontale dessinée par la haie vers laquelle, […], il court à perdre haleine » (l.