Commentaire composé "brise marine" de mallarmé
Commentaire composé
La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
Mallarmé
I.] Le mal de vivre
a) Un constat désabusé« La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres » : la culture a épuisé ses ressources et n’a pas apporté de réponses (aspect de l’accompli du passé composé) > l’amour satisfait est amer.Le mal de vivre à un niveau métaphysique : « Un Ennui, désolé par les cruels espoirs ». « Ennui » = appel du vide. « cruels espoirs » = oxymore qui traduit l’espoir renaissant et toujours déçu.
b) Le refus des liens- La famille : « Ni la jeune femme allaitant son enfant » : la crise de la naissance de l’enfant s’accompagne chez le poète d’un sentiment d’exclusion. > la famille d’aval « les vieux jardins reflétés par les yeux » : les racines familiales, le passé, la civilisation. > la famille d’amont. - le travail solitaire du poète : « ni la clarté déserte de ma lampe » : angoisse de la page blanche, le poète est inhibé par le vide de cette page. « O nuits ! » : la douleur dans l’invocation ; le pluriel mesure le temps écoulé stérilement dans l’élaboration poétique. Cet appel au large est avant tout un besoin de rupture d’où l’indéfinition de la destination, la ligne brisée de l’élan et la suggestion d’un retour