Commentaire composé arthur rimbaud - poème " au cabaret-vert "
À l’aube du mois d’octobre 1870, renouvelant ses fugues, Arthur Rimbaud, âgé de seize ans, quitte à nouveau sa ville natale et se lance dans une pérégrination qui le mène à Charleroi. Le poème « Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir » narre l’entrée du jeune poète dans la ville belge, où il fait une halte pour se ressourcer dans une auberge. L’établissement a réellement existé sous le nom « La Maison-Verte » (R. Goffin a retrouvé sa trace) et tous les meubles y étaient effectivement peints en vert. La dimension autobiographie du sonnet de Rimbaud, qui fait partie du second cahier du « Recueil Demeny » ou « Cahier de Douai », est donc clairement revendiquée. Par conséquent, le raccourci entre le narrateur et l’auteur peut s’effectuer sans trop de risques, et ce d’autant plus que d’autres indices convergent vers cette impression de réel qui transparaît à la lecture. Le texte relate le moment de détente que le poète s’accorde, après huit jours de marche, et qui lui procure un intense sentiment de bonheur et de bien-être. Le décor du cabaret, la serveuse avenante, le repas commandé sont autant d’éléments qui vont participer à l’évocation d’un instant joyeux et décontracté, emprunt d’un caractère libératoire.
Le plan s’articule autour du traitement d’une forme traditionnelle, à savoir le sonnet, forme fixe par excellence, composée de quatorze alexandrins répartis en deux quatrains et deux tercets. Le poème marque une rupture avec le sonnet traditionnel en ce qu’il ne respecte pas l’organisation des rimes attendue : au lieu d’appliquer des rimes embrassées dans les deux quatrains, Rimbaud emploie des rimes croisées, qui plus est différentes d’une strophe à l’autre. La forme régulière suit en principe la disposition suivante : ABBA, ABBA, CCD, EDE, mais l’agencement des rimes dans les deux tercets que Rimbaud emploie est aussi admise. De plus, la tradition classique veut que les