Commentaire composé. "la mort des amants", charles baudelaire.
Comment le poète parvient-il à insuffler une telle sensation d’harmonie dans son poème où mort et amour s’enchevêtrent ? C’est là l’étonnant paradoxe de ce sonnet. Aussi, après avoir envisagé en quoi il suggère une conception idéalisée de l’amour, nous montrerons comment, en glissant insensiblement du monde des sensations à celui de la spiritualité, le poète parvient à faire triompher le rêve sur la réalité et à faire de la mort une consécration.
Tout d’abord, ce sonnet en décasyllabes est une évocation de l’amour absolu. En effet, il offre l’image d’un couple parfait, harmonieux, dont les deux membres sont plus des doubles que des partenaires. Le titre d’abord, en introduisant l’article indéfini « des » unifie les amants. De même, le pronom personnel « nous » et les adjectifs possessifs « nos », qui émaillent les trois premières strophes insistent sur la profonde unité du couple et montrent l’être aimé comme un autre soi-même, un reflet : « Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux / Qui réfléchiront leurs doubles lumières. » Le champ lexical du dédoublement et du miroir (« ces miroirs jumeaux ») est d’ailleurs renforcé par la grande harmonie des décasyllabes, tous construits sur un rythme binaire parfaitement harmonieux, plaçant la césure au cœur de chaque vers, comme le montre le vers 8 : « Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. » De même, les rimes croisées suggèrent l’image d’une étreinte et renforcent le thème de la gémellité. L’unité du second quatrain repose d’ailleurs sur le leitmotiv du