Cette scène est extraite de la pièce de théâtre Ubu Roi publiée en 1896, œuvre de jeunesse de l’auteur français Alfred Jarry. Celui-ci s’inscrit, au XIXème siècle, à la frontière entre le symbolisme et le surréalisme. Ubu Roi est inspiré de la pièce tragique Macbeth de Shakespeare. Dans cette pièce Lady Macbeth, épouse de Macbeth le convainc d’assassiner le roi Duncan pour prendre sa place. Jarry s’inspire largement de cette intrigue où Ubu roi devient un tyran usurpateur. Cet archétype grotesque du tyran règne dans une Pologne de fantaisie où le roi Ubu se prépare à partir en guerre contre les Russes. C’est dans un contexte comique voire délirant que sa femme et un soldat l’assistent. Jarry était un adepte de ce qu’il appelait la « pataphysique »* c’est-à-dire la destruction de la raison et de la langue par l’absurde. En effet le comique de la pièce repose essentiellement sur cette « science ». Quelle est la nature du texte de Jarry qui s’inspire d’une pièce tragique et qui a l’allure d’une comédie ? Une tragédie ou une comédie ? Nous nous proposons, pour commencer, d’étudier le caractère d’un roi caricatural, puis de nous intéresser au comique de la scène, et enfin d’analyser les critiques auxquelles se livre Jarry sur la société monarchique, les règles du théâtre classique et le tragique mêlé au comique.

Alfred Jarry, comme Shakespeare le fait pour Macbeth, nous présente Ubu en roi tyran. Le père Ubu a usurpé sa place au roi Venceslas et devient Ubu roi, Roi de Pologne.
Alfred Jarry donne à son personnage, Ubu roi, des caractéristiques qui ne ressemblent pas à celles d’un souverain.
Il est temps pour lui d’aller à la guerre, mais il semble tout faire pour retarder l’échéance, par lâcheté. Il s’invente de faux problèmes au sujet de son équipement : « voilà le sabre à merdre qui se sauve et le croc à finances qui ne tient pas » l.5-6 «il se trouve « bientôt tellement chargé », qu’il ne saurait « marcher si il était poursuivis » l.3