Commentaire composé : l’abuseur de séville, tirso de molina
Fuyant Séville où sa troisième « burla » s’est terminée par le meurtre du Commandeur, DJ fait irruption dans une noce campagnarde, précédé de Catherinon, ici héraut à la manière antique de la mauvaise nouvelle. C’est aussitôt le désordre et l’inquiétude. DJ prend la place du marié au repas.
Au début de l’acte III, c’est la nuit et nous sommes dans la maison du père de la mariée, Gassenne, A travers le lamento de Batrice, apparaît la stratégie de la conquête de DJ pour « jouir de la chair » d’Aminte en toute impunité. Stratégie poursuivie dans les scènes suivantes, et qui consiste d’une part à écarter l’époux en faisant appel à son honneur, d’autre part à obtenir que le père offre sa fille au seigneur Tenorio, en signe d’allégeance. DJ a écarté les obstacles à la séduction par habileté, mais surtout grâce au consensus établi autour des privilèges du seigneur. Reste à obtenir le consentement d’Aminte, la jeune mariée qui, contrairement à Thisbé, n’est pas amoureuse de DJ.
Aucun doute n’effleure cependant DJ dont le monologue à la fois poétique et cynique constitue une rupture avec les menaces de Catherinon et une ouverture à cette étrange scène nocturne où une petite paysanne troque son mari du jour contre un seigneur inconnu la veille. Car, entre le début et la fin de la scène, DJ va conquérir Aminte par une éblouissante technique de beau parleur, de comédien.
Vérité ou mensonge, le discours de DJ s’avère efficace, jouant sur trois registres : sa puissance seigneuriale, son amour et la promesse de mariage. Se dessine le visage ambigu de la première incarnation du mythe : un être asocial, destructeur et profiteur à la fois, expression d’une société en crise et, par ailleurs, venu des profondeurs de représentations mythiques essentiellement chrétiennes.
DJ s’abrite derrière le masque de la parole. Tel est le