Commentaire de "guerre", voltaire
Voltaire, « Guerre », Dictionnaire philosophique, 1764
En 1764 est publiée, anonymement, la première édition du Dictionnaire philosophique portatif. Un peu partout, le livre est interdit et brûlé. Ce dictionnaire, conçu par Voltaire comme une machine de guerre contre l'infâme, comporte soixante-treize définitions jusqu'à sa réédition en 1769 auquel il en ajoutera quarante-cinq. Cet extrait trempé d'ironie a pour vocation la dénonciation de la guerre à travers l'exemple d'un prince désirant annexer un territoire. Mais par quels procédés l'auteur dénonce t-il la guerre ? Pour tenter d'apporter une réponse, une première partie sera consacrée à la forme du conte qu'adopte ce texte afin de mieux critiquer. Puis, une autre sera dédié à l'absurdité du conflit.
Tout d'abord, ce texte prend l'allure d'un conte classique. Ainsi, le champ lexical relatif au monde de la noblesse, du pouvoir et de l'armée est retrouvé : « généalogiste », »prince », « droit divin », « conseil », « gloire », « pouvoir », « puissance », « chef, « drapeaux ». Cela s'apparente presque au registre épique. Puis, des marques d'indétermination sont constatées: les personnages et les lieux ne sont indiqués que par l'article « un ». L'anecdote de la ligne 12, « Les autres princes […] couvrent une petite étendue de pays », se situe dans un espace indéfini . « Il y a trois ou quatre cent ans » (l.2) renvoie à un passé approximatif et lointain : rien ne permet de dater les événements. Ces procédés permettent de donner une portée plus générale à l'exemple.
Dès le début, il apparaît que ce conte est empli de toute l'ironie Voltairienne. En effet, dans les cinq premières lignes, l’accumulation des liens héréditaires rattachant le destin du prince à celui de la province est tournée en ridicule tant la relation est saugrenue. Néanmoins, celui-ci parvient tout de même à « conclu[re] sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin » (l.4-5). Le prince justifie sa guerre