Commentaire de la tirade du nez
a) une tirade bien structurée
- sur le plan de l’énonciation : fait la demande et la réponse (se parle à lui-même ou vise un destinataire invisible ou universel ? Voir plus loin), parenthèse où le locuteur semble jouer avec lui-même, exclut son interlocuteur, lui confisque la parole, se recrée un interlocuteur plus spirituel ; effets dialogiques, guillemets, autocitation…/ Apostrophes violentes, 2ème pers. Prise à parti…
- sur le plan de la métrique : 20 unités (effet programmateur de la première, l’adjectif qualificatif annonce la tonalité de la « nasarde » ; effet de clôture de la dernière réf à Théophile). Rôle structurant de la rime qui relie les unités entre elles. Alternance des modalités interrogatives et exclamatives…
b) étude des variétés de comique : la stratégie du rire
- Katagelos : rire polémique, de supériorité, insultant et voulant exclure sa victime (esthétique du ridicule). Cyrano se constitue en objet risible : unité 1 « Moi…je ». Rire dénigrant, sanctionne une laideur (Aristote)… « Ce n’est pas moi qui… » (définition de Baudelaire). Mais très vite on passe à une autre forme de comique, du rire « agressif » au rire « amical »,
- Gelos, le rire-plaisir lié à la phantasia, à la puissance de l’imagination, écriture pointue « agréable divertissement de l’esprit », voir Le Pédant joué. Dynamique de l’inventio s’appuie sur deux figures (métaphore et hyperbole). Hyperbole (très grand : appel à l’amplificatio). Métaphorisation, création poétique régie par le principe de plaisir. Nez baroque, protéiforme (à la fois Circé et le Paon) : spirale et aspect totalisant (microcosme/macrocosme) : les référents sont empruntés à tous les domaines du monde connu au 17es, terre (pic…), Mer rouge, fruit, légume. Passage de l’objet réel (utile et risible) à la chimère (envol de l’imagination). Rire d’admiration (Descartes). Catégorie esthétique : ni totalement burlesque ni héroïcomique mais grotesque car il s’agit moins ici du