Commentaire de texte "Le projet comme fiction" de Paturet
« Le projet comme fiction commune », Jean-Bernard Paturet
Dans l’article intitulé « Le projet comme fiction commune » et paru en 2002 dans la revue Empan (Editions Erès n°45), Jean-Bernard Paturet, philosophe et professeur en études psychanalytiques à l’Université Paul-Valéry Montpellier III, propose une analyse de la notion de « projet ». Dans son introduction, il en retrace l’histoire, l’étymologie et l’évolution sémantique. Selon lui en effet, c’est à partir du XVème avec Brunelleschi, sculpteur et architecte italien, que le terme de projet prend son essor : Brunelleschi, rompant avec l’improvisation architecturale médiévale, introduit une rationalisation de l’espace au travers du « designo », plan, aussi bien au sens de « dessin » que de « dessein », élaboré préalablement à la construction. Brunelleschi apporte ainsi également une rationalisation du temps en induisant une dissociation, un décalage temporel entre conception et réalisation. Il a compris la nécessité d’une anticipation méthodique, seule capable d’engendrer une réalisation technique complexe, élaborée. Paradoxe de l’homme qui, en se cadrant, en rationnalisant sa pratique accroit ses capacités créatrices en refusant l’improvisation, jusqu’alors considérée comme la créativité dans son expression la plus absolue, ce qui fait dire à Paturet que « l’homme devient ainsi progressivement la mesure absolue et l’architecte, une figure démiurgique, c’est-à-dire un créateur et un inventeur de l’espace ».
Pour Paturet, le concept de projet est également lié à une vision occidentale du temps, introduite par le « prophétisme messianique » : le temps, jusqu’alors considéré comme cyclique, est pensé de façon linéaire dans la mesure où la venue d’un messie est promise. Le temps devient un vecteur du possible en induisant le concept d’avenir et l’humanité se voit considérée comme un système autopoïétique, dans la