Louis-Ferdinand Céline propose en 1932 un roman à caractère autobiographique qui lui vaudra le prix Renaudot, pour son style unique. L’incipit progressif en livre un exemple surprenant, aussi pouvons-nous nous demander ce qui en constitue l’originalité. Afin de répondre au mieux à cette question nous analyserons dans un premier temps, l’effet de surprise de cet incipit, puis dans un second temps, la dimension satirique qui point derechef. Pour commencer, nous allons étudier ce que l’incipit à de surprenant en analysant la banalité de ce récit puis sa vivacité. Il est clair que l’univers dépeint par L-F. Céline est un univers ordinaire. L’action, par exemple, se déroule juste devant le café, Ferdinand est un prénom ordinaire à cette époque. Mais c’est surtout le langage familier qui plonge le lecteur dans un univers connu : “J’vais voir”, l’apocope du pronom est un trait d’oral. Si cet incipit est banal, il est aussi extrêmement dynamique. Premièrement, le discours direct est privilégié : de “J’vais voir si c’est ainsi !” à “On verra bien, eh navet !” puis “En résumé, que je me suis dit alors quand j’ai vu comment ça tournait c’est plus drôle ! C’est tout à recommencer.” ce qui permet au lecteur d’être plongé dans l’action. Mais encore le discours indirect libre : “Il y en avait des patriotes !” permet à ce dernier de vivre l’action du point de vue du narrateur. Enfin l’utilisation du présent et du passé composé : “Alors on a marché longtemps” renforce la vivacité du récit cat il rompt avec les codes traditionnels de la narration. L’incipit proposé met bien en avant une esthétique de la surprise, sentiment prolongé par le ton satirique qui se fait jour. A présent, nous allons étudier la dimension critique de ce passage qui s’attache, non seulement aux Hommes mais aussi à une société. En effet, L-F. Céline pointe du doigt la volonté de chaque homme de devenir un héros (“Héroïsme”) cela démontre une confiance en soi excessive et une crédulité assez grande.