Commentaire « des cannibales », montaigne (1580)
Objet d’étude : Convaincre, Persuader, Délibérer
Séquence : Le mythe du bon sauvage au 18ème siècle
Extrait de : Essais
Catégorie : Essai, réflexion personnelle
Courant littéraire : Humanisme
Situation : Livre I, chapitre 31 (orthographe modernisée)
Texte :
(a)Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté ; sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ; comme de vrai, il semble que nous n'avons autre mire[?] de la vérité et de la raison que l'exemple et l'idée des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police[?], parfait et accompli usage de toutes choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice[?] et détournés de l'ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-cy, et les avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu. (c) Et si pourtant[?], la saveur même et délicatesse se trouve à notre goût excellente, à l'envi des nôtres[?], en divers fruits de ces contrées-là sans culture. (a) Ce n'est pas raison que l'art gagne le point d'honneur sur notre grande et puissante mère Nature. Nous avons tant rechargé la beauté et richesse de ses ouvrages par nos inventions, que nous l'avons du tout étouffée. Si est-ce que[?], partout où sa pureté reluit, elle fait merveilleuse honte à nos vaines et frivoles entreprises,
(b) Et veniunt ederae sponte sua melius, Surgit et in solis formosior arbutus antris, Et volucres nulla dulcius arte canunt[?].
(a) Tous nos efforts ne peuvent