Commentaire des lettres persanes de montesquieu
Montesquieu
Le roi de France est vieux
La publication anonyme des Lettres persanes à Amsterdam n’était pas une vaine précaution. A peine voilée, derrière son intrigue galante et son vernis exotique (goût pour l’Orient car traduction des contes mille et une nuits), le roman de Montesquieu contient une attaque directe de la monarchie française. La lettre 37 qui se présente comme un portrait de Louis XIV véhicule en fait une critique assez virulente de l’absolutisme royal. C’est ce que nous nous attacherons à dégager en montrant comment la lettre tend à se transformer en réquisitoire puis en nous intéressant aux motifs de la critique du roi.
I – De la lettre au réquisitoire
1 – Le prétexte épistolaire
Pour une lettre, ce texte présente des caractéristiques épistolaires atypiques. A l’exception de l’adresse, à l’exception de la date et du lieu d’expédition en bas de la lettre, on n’y trouve aucune caractéristique courante du texte épistolaire : ni formule de politesse ou d’amitié, ni mentions de nouvelles personnelles. Les indices pronominaux d’une situation de communication sont rares. On trouve des indices de la 1ère personne du pluriel dans le premier paragraphe, dans la 2ème et la 3ème phrase « nous n’avons point » et des indices de la première personne du singulier au début et à la fin du deuxième paragraphe « je crois ». Nulle part on ne relève un pronom de la 2ème personne. Ce texte ne possède donc pas les indices d’énonciation d’une correspondance amicale ou officielle. Essentiellement référentiel (donner des infos), son objet tient entièrement de la description du roi. Le genre épistolaire n’est donc ici, que le prétexte pour l’établissement de la satire du monarque.
2 – Focalisation sur le roi
« Le roi de France » est présenté d’emblée et comme il est le seul sujet de la lettre, il n’est pas nommé et il se trouve ensuite désigné uniquement par le pronom de