Commentaire de l'incipit de JLF Le texte que nous allons étudier est l'incipit de Jacques le fataliste et son maître. Diderot conçoit ce roman dans les années 1760, le rédige dans les années 70 et le publie en revue par extraits pour un nombre limité de lecteurs. Sa publication presque complète sera posthume et c’est seulement au XXème siècle qu’on pourra lire l’édition scientifique d’une œuvre majeure. Dans cette œuvre, hors normes, Diderot nous donne une réflexion sur le roman mais aussi sur le fatalisme. Ici, le narrateur rapporte la conversation de Jacques et son maître, alors que les deux hommes cheminent vers une destination inconnue. Problématique : En quoi le style d'écriture de l'auteur participe à la remise en cause de la liberté ? Dans un premier temps, nous verrons comment Diderot à travers l'originalité de son incipit remet en cause le roman afin de pouvoir ensuite montrer comment ses choix littéraires apportent une portée philosophique à l’œuvre. La fonction "traditionnelle" d’un incipit est d’apporter très vite un maximum d’informations et quelques indices qui donnent envie de lire la suite à partir d’un certain horizon d’attente que les auteurs évitent habituellement de brouiller. Or, ici, l'incipit place immédiatement le lecteur dans une situation inattendue. Le début du roman rompt avec toutes les conventions narratives. A chaque question posée sur le cadre spatio-temporel correspond une réponse évasive : « Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard », « D'où venaient-ils ? Où allaient-ils ? Du lieu le plus prochain ». Diderot rappelle ici les conventions du roman pour s'en amuser. Néanmoins, quelques repères spatio-temporels nous sont proposés malgré tout comme après « la bataille de Fontenoy » (11 mai 1745), le moment de « l'après-dînée » et au sortir d'un cabaret en campagne « les champs ». Les personnages principaux sont d'abord désignés par « ils », sans identification : « Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe » Diderot joue d'entrée