Commentaire Dom Juan Scène d exposition
Au XVIIème siècle, la littérature est indissociable de la question de Dieu, de la morale ( mœurs ), d'un idéal défini par ce qu'on appelle le Classicisme : il est caractérisé par la pureté des formes, la simplicité, la raison, la mesure et les codes, ainsi que par l'imitation des Anciens et la fréquente référence à l'Antiquité. Molière, auteur de nombreuses pièces de théâtre au XVIIème siècle, est classé parmi les représentants de cet idéal. C'est dans ce contexte que nous pouvons placer la pièce de Dom Juan, jouée pour la première fois en 1665, et qui connaît un succès fulgurant jusqu'à ce qu'elle soit interdite par le roi sous la pression des dévots qui venaient de faire interdire Tartuffe. Cette pièce est d'un genre hybride, une tragi-comédie, qui fait de nombreuses entorses aux règles classiques : elle est écrite en prose, refuse la règle des trois unités, se finit mal, ce qui est contraire au code de la comédie, et mélange les registres. De plus, le héros est plutôt représentant du mouvement baroque, de par son inconstance et ses tromperies, son jeu avec les apparences et sa capacité d'illusionner ceux qui l'entourent. Ainsi, on peut se demander en quoi cet extrait de la scène d'exposition présente-elle un double fonctionnement à la fois critique et didactique. Pour cela, nous étudierons dans un premier temps la signification de la mention du « tabac » et de la philosophie dans la tirade de Sganarelle, puis le portrait implicite de Dom Juan fait par Sganarelle.
Premièrement, la scène s’ouvre sur une tirade de Sganarelle, valet du héros, qui va faire l’éloge du tabac. Dans toute la scène il s'agit d'un échange entre deux personnages de condition inférieure, ce qui est caractéristique du registre comique. Il tient un propos ridicule : c'est le principe du décalage. En débutant une thèse avec une référence philosophique antique totalement absurde et sur le tabac, sujet indigne d'un philosophe, surtout