Commentaire du Chef d'oeuvre inconnu de Balzac
Balzac n’a incorporé que tardivement Le Chef-d’œuvre inconnu à La Comédie humaine. L’action de cette nouvelle, située au début du XVIIe siècle, se déroule en effet longtemps auparavant.
C’est une étrange rencontre que fait ici Nicolas Poussin qui, tout jeune homme, n’est pas encore un peintre reconnu. Dans l’escalier qui le mène chez Porbus, un célèbre peintre de cour, il aperçoit un vieillard mystérieux qu’il observe avec curiosité.
Balzac présente au lecteur ce curieux personnage à travers un double regard : le sien propre t celui de Nicolas Poussin. Ce portrait permet de voir à l’œuvre le réalisme balzacien qui, tout en partant du réel, cherche à le dépasser et peut prendre une couleur fantastique.
I/ Un point de vue complexe : entre certitudes et interrogations. 1/ Le regard du peintre en focalisation interne.
C’est d’abord à travers les yeux du jeune Nicolas Poussin qu’on voit le vieillard : le regard du peintre colore la focalisation interne et montre un portraitiste attentif aux reliefs du visage parce qu’ils accrochent la lumière (« le jour faible »), expriment le caractère, la personnalité du modèle dont le tableau devra rendre compte. Nicolas Poussin essaie de déchiffrer, d’interpréter ce personnage problématique en utilisant son intuition d’artiste. Il forme des hypothèses à partir des indices et des signes que lui fournissent les vêtements, la « démarche », les particularités de cet individu qu’il « examine curieusement », c’est-à-dire avec curiosité. Il fait une première supposition (« il devina dans ce personnage ou le protecteur ou l’ami du peintre ») qu’il prolonge par un commentaire affectif, espérant trouver en lui la bonne nature d’un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ». Un examen plus approfondi remet en question cette hypothèse à partir de « mais il aperçut … » et Poussin marque l’incertitude que lui suggèrent ses observations par des modalisateurs, tels que «