Commentaire Iphigénie
Que vais-je faire ? Puis-je leur prononcer cet ordre sanguinaire ?
Cruel ! à quel combat faut-il te préparer ?
Quel est cet ennemi que tu leur vas livrer ?
Une mère m'attend, une mère intrépide
Qui défendra son sang contre un père homicide.
Je verrai mes soldats, moins barbares que moi,
Respecter dans ses bras la fille de leur roi.
Achille nous menace, Achille nous méprise ;
Mais ma fille en est-elle à mes lois moins soumise ?
Ma fille, de l'autel cherchant à s'échapper,
Gémit-elle du coup dont je la veux frapper ?
Que dis-je ? Que prétend mon sacrilège zèle ?
Quels voeux, en l'immolant, formerai-je sur elle ?
Quelques prix glorieux qui me soient proposés,
Quels lauriers me plairont de son sang arrosés ?
Je veux fléchir des Dieux la puissance suprême :
Ah ! quels Dieux me seraient plus cruels que moi-même ?
Non, je ne puis. Cédons au sang, à l'amitié,
Et ne rougissons plus d'une juste pitié.
Qu'elle vive. Mais quoi ! peu jaloux de ma gloire,
Dois-je au superbe Achille accorder la victoire ?
Son téméraire orgueil, que je vais redoubler,
Croira que je lui cède, et qu'il m'a fait trembler.
De quel frivole soin mon esprit s'embarrasse !
Ne puis-je pas d'Achille humilier l'audace ?
Que ma fille à ses yeux soit un sujet d'ennui.
Il l'aime : elle vivra pour un autre que lui.
Eurybate, appelez la princesse, la reine.
Qu'elles ne craignent point.
Un père condamné à sacrifier son enfant aux dieux est un thème récurrent dans la littérature, notamment Abraham dans la Bible. Celui d’Iphigénie a été souvent présenté dans la littérature de la Grèce Antique, dans L’Illiade ou encore les Métamorphoses d’Ovide, mais surtout avec Euripide, dont Racine s’est inspiré pour écrire sa tragédie Iphigénie écrite en 1675. Agamemnon, le grand roi vainqueur de la guerre de Troie, frère de Ménélas dont la femme Hélène a été ravie par Paris, se réduit à cette extrémité :