Commentaire josé maria de heredia, midi
Plan
I) Une beauté à découvrir
a) Une théorie en mouvement
Le poète s’attache à décrire la beauté, mais pas seulement. Il semble vouloir la débusquer dans ses moindres recoins. Nous retrouvons ici la théorie des Parnassiens, pour qui seule la beauté reste d’importance. Dans le poème, c’est une isotopie lexicale riche qui s’efforce d’accoler à chaque mot son adjectif afin d’en magnifier l’apparition (« grands bois », v. 2, ou « feuillage épais », v. 3). Cette volonté de décrire au plus juste se trouve parfois doublée au sein du même vers (« frêle essaim des riches papillons », v. 10). L’impression donnée par le poème est alors celle d’un monde riche en couleurs, sensations. Le regard posé sur chaque élément semble s’attarder, prendre le temps d’observer et d’admirer. La beauté n’est ainsi pas seulement la caractérisation de toutes choses, elle est aussi et surtout le reflet du regard poétique.
b) Une sensibilité à fleur de peau
Ce regard poétique traduit en effet une certaine sensibilité, s’inclinant même vers la sensualité. Les couleurs, « mousses d’émeraude » (v. 4), « réseau vermeil » (v. 6), s’entrecroisent ainsi dans une étoffe métaphorique ou un entrelacement d’images. Le poème représente dans un même temps la sensibilité du poète qui reçoit la beauté puis la restitue avec sa propre sensibilité, jouant de la beauté extérieure et de l’émotion intérieure, de beauté poétique et psychique. La personnification des arbres du vers 2 « Tout dort sous les grands bois accablés de soleil » qui « [ressentent] » la chaleur du soleil, tout comme l’usage du pronom personnel sujet, imprègne le poème d’une subjectivité propre à la poésie lyrique, une poésie qui tente également d’inscrire le poète au cœur de son texte et de dépasser la disparition. La métaphore est ainsi utilisée pour parfaire cette description du beau « Vers la gaze de feu que trament les rayons »