Introduction

Jean de La Fontaine, né en 1621, figure populaire du classicisme, connu la protection matériel et le soutien de Nicolas Fouquet jusqu'à l'arrestation du surintendant des finances de Louis XIV en 1661. L'œuvre l'Élégie aux Nymphes de Vaux du poète fut dédié à son ancien mécène en 1662 et celui-ci réclama clémence pour le disgracié dans l'Ode au Roi en 1663. Il assure sa renommé littéraire grace à ses Comtes et nouvelles en vers en 1665. Après un long travail de réécriture, Jean de La Fontaine se métamorphose en fabuliste virtuose. Observateur sagace des jeux de cours, des cabales politiques et de la doxa populaire, il propose une image inattendu des sujets et des maitres dans la 4eme fable du 3eme livre, Les Grenouilles qui demandent un Roi . Ainsi nous montrerons comment le nouvel Esope dénonce sous la forme d'une satyre au registre didactique, polémique et un brun ironique, l'outrocuidance et la versatilité du peuple, qui n'obtient que le renforcement du pouvoir arbitraire de la monarchie absolue au cour d'un apologue fondé sur les deux principes littéraires du temps: placere et docere. Nous étudierons tout d’abord l’art du fabuliste, qui lui permet de mener un récit plaisant et rythmé. Nous analyserons ensuite les caractéristiques des grenouilles et les analogies qui s’établissent avec les humains, puis nous aborderons enfin les différentes leçons de la fable.

I – Un récit plaisant

A°) Les effets de la personnification

Utilisant comme souvent la personnification, La Fontaine amuse son lecteur en lui racontant les péripéties vécues par un peuple de grenouilles. Il donne ainsi à son récit un caractère imagé, d’autant plus qu’il développe longuement le champ lexical du marécage, évoquant « les eaux », « les roseaux », « les joncs », « les trous du marécage ». Il insiste aussi sur la multiplicité des grenouilles, utilisant à plusieurs reprises le terme « gent », et semblant les énumérer au vers 19. Il décrit aussi les actions de la grue