Cette fable, située à la fin du livre sixième des Fables de La Fontaine, évoque une jeune veuve qui après avoir pris le deuil, avoir pleuré la mort de son mari, se console, et demande à son père un autre mari. La Fontaine s’inspire ici de la fable d’Abstémius, « La femme qui pleurait son mari mourant et son père qui la consolait ». Comme le fabuliste classique le souligne lui-même : « C'est la dernière fable du premier recueil, c'est un conte exquis : l'amour "éternel" voué au mari défunt disparaît tout naturellement avec le temps et les attraits de la vie. » Outre le contenu même de la fable, il faudra garder en tête le caractère conclusif de ce texte par rapport à la première version des Fables qui ne comportait que six livres.Nous verrons dans une première partie la structure du récit de la fable, puis dans une seconde partie la portée de la fable dans le contexte classique du XVII°s finissant, enfin dans une troisième partie, le caractère flou du genre du texte : ce texte qui se présente comme fable tendrait plutôt vers la pièce en vers.I Structure du récitA/ Mouvement du texteLe genre de la fable est un genre très codifié. En tant que récit, il met en valeur ses grandes articulations pour mieux faire ressortir les mouvements principaux du texte. La fable est un récit sur-codifié. Ici, les deux premiers vers ont valeur de prolepse : ils résument toute la fable à venir. Le vocabulaire y est simple et clair : tout est déjà dit. Les vers 3 et 4 véhiculent le même message, mais sur un mode plus imagé avec une allégorisation du Temps. Les vers 5 à 15 développent cette même idée en la rendant plus concrète. Ces premiers vers ont une valeur introductive et forment le premier mouvement du texte. Le sujet en est présenté, et le corps de la fable peut commencer.Le deuxième mouvement, qui s’étend jusqu’au vers 34, voit une « jeune beauté » devenir veuve. Elle tombe dans une tristesse absolue et prend le deuil. Ce deuxième mouvement alterne discours direct au présent et