Commentaire lamartine l'isolement
Dans son “Commentaire” de 1849, unique document d'information qui existe, le poète indiqua :
«Les grandes douleurs sont muettes, a-t-on dit. Cela est vrai. Je l’éprouvai après la première grande douleur de ma vie. Pendant six ou huit mois, je me renfermai comme dans un linceul avec l’image de ce que j’avais aimé et perdu. Puis, quand je fus pour ainsi dire apprivoisé avec ma douleur, la nature jeta le voile de la mélancolie sur mon âme, et je me complus à n’entretenir en invocations, en extases, en prières, en poésie même quelquefois, avec l’ombre toujours présente à mes pensées.
Ces strophes sont un de ces entretiens que je me plaisais à cadencer, afin de les rendre plus durables pour moi-même, sans penser alors à les publier jamais. Je les écrivis un soir d’été de 1819, sur le banc de pierre d’une fontaine glacée qu’on appelle la fontaine du Hêtre, dans les bois qui entourent le château de mon oncle à Ursy [sic]. Que de vagues secrètes de mon cœur le murmure de cette fontaine, qui tombe en cascade, n’a-t-il pas assoupies en ce temps-là !»
Le château est en fait situé à Urcy, c'est-à-dire Montculot (Côte-d'Or). L'oncle paternel du poète, était l'abbé Jean-Baptiste de Lamartine.
À plus de vingt-cinq ans de distance, le poète se souvint : «J'avais perdu depuis quelques mois, par la mort, l'objet de l'enthousiasme et de l'amour de ma jeunesse... (quand) j'écrivis ces strophes.» Or, Elvire étant décédée le 18 décembre 1817, cette affirmation laisse supposer que l'élégie est de 1818. Déçu par Talma qui venait de refuser sa tragédie, “Saül”, Lamartine annonçait de Paris, le 20 octobre, à son ami Virieu : «Je m'en vais dans cette semaine premièrement à Montculot huit jours, à Milly une quinzaine...» Les sept lettres qu'il écrivit alors à ses amis parlaient des “Méditations” en général sans en mentionner une en particulier ; toutefois, il est possible de relever quelques menus détails sur les