ARTHUR RIMBAUD – LE DORMEUR DU VAL

C'est un trou de verdure, où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert ou la lumière pleut.

Sonnet (deux tercets et deux quatrains) en alexandrins avec des rimes croisées, plates et embrassées. Rimbaud était frappé par les combats franco prussiens de 1870.
À cette période, encore jeune, il commence déjà à lancer sur sa ville natale et sur l’univers de l’homme un regard critique. Il a déjà fait des fugues. Dès la déclaration de la guerre, au lieu de se présenter au baccalauréat, il gagne Paris. Il méprise le nationalisme de ses contemporains, et la mort de jeunes hommes le révolte. C’est ce sentiment qui a inspiré “le dormeur du val”.
Il nous place dans une ambiance douce et bucolique (relatif a la campagne), avec un personnage serein, mais la maladie s’installe et la mort fait irruption.

I – LA NATURE a) Paysage et cadre bucolique

-Cadre bucolique, protecteur, agréable, positif, accueillant avec « verdure » « rivière » « herbes » « soleil » « montagne » « cresson » (plante herbacée). Tous les éléments et matières sont mélangés
-Plusieurs personnifications du décor « chante une rivière », le murmure de la rivière est transformé en chant, « le soleil(de la montagne fière)luit » bien mis en avant grâce au rejet et « la montagne fière ». Présence importante des éléments du décor mis en valeur.
-La lumière envahit le premier quatrain en jouant et se mélangeant aux autres éléments. oxymore (mêle matière pauvre et noble)"les haillons d'argent" vers 2 ; renforcée par le soleil et dont la luminosité est reprise avec la métaphore"mousse de rayons" (aspect moelleux et agréable) et " lumière qui pleut" : personnification qui donne une