Commentaire "le mal" (1870) d'arthur rimbaud
(I) Dans son poème, Rimbaud dépeint deux tableaux en parallèle qu’il met en opposition : le front, violent et l’arrière, calme.
Dans le poème de Rimbaud, deux tableaux sont mis en parallèle. Ils présentent des éléments en écho : Le champ de bataille et l’église. Ces deux éléments sont dominés par la figure d’un être puissant, au-dessus de l’humanité qui les sert. La bataille est dominée par le « Roi » (v.3) et « un Dieu » (v.9) habite l’église. Sous leur regard viennent des victimes nombreuses, comme l’évoque « bataillons » et « cent milliers d’hommes », ainsi que « des mères ».
Ces deux tableaux contiennent des descriptions riches en sensations, qu’elles soient visuelles avec les couleurs, souvent mentionnés en fin de vers comme les 1, 2, 9, 10 et 13, auditives avec des sons suggérés avec « sifflement », « prières » ou « pleurs », ou olfactives avec « tas fumant » et « encens ».
Le thème du rire, signe de mépris et de supériorité à l’égard des victimes, apparaît dans chaque partie du sonnet : il est dit que le roi « raille » les bataillons et que Dieu « rit ».
Le malaise du poète perceptible dans le sonnet par la versification déstructurée, créant la surprise dans la description, avec des enjambements et des rejets aux vers 1-2, 4-5, 9-10, 12-13.
Rimbaud met en opposition la violence du champ de bataille et l’atmosphère calme de l’église, à l’arrière. Le champ de bataille est dépeint comme un tableau extérieur, violent. Les expressions « tout le jour » et « par l’infini » montrent bien que l’espace et la durée y sont illimités. On remarque également que les personnages sont collectifs et les chiffres hyperboliques et au pluriel, comme pour « cent milliers d’hommes » et la foule « en masse » qui créent une amplification épique. Les verbes d’actions violentes aux dures sonorités traduisent la barbarie du champ de bataille tels que « croulent » et « broient