Commentaire lettre n°81 liaisons dangereuses (1axe)
Le roman épistolaire connaît son âge d’or au XVIIIe siècle. Il est né de nombreux auteurs tels que Rousseau, Montesquieu… et notamment de Ch. De Laclos. Ce-dernier, issus de la petite noblesse, se destine à une carrière militaire et sort officier de l’école d’artillerie de la Fère. Son œuvre majeure est le roman Les liaisons dangereuses, paru en 1782. Son succès est immédiat. Il est une critique des mœurs de l’aristocratie mais il est aussi considéré comme une œuvre féministe. Il s’inscrit dans le mouvement des Lumières, courant philosophique et artistique qui se développe tout au long du XVIIIe s en Europe, et qui considère la raison comme le facteur dominant. Dans la longue lettre n°81 située au cœur de l’œuvre, la Marquise de Merteuil écrit à son ami, le Vicomte de Valmont, tous deux étant des aristocrates libertins. Elle répond à Valmont l’a mise en garde contre Prévan, connu pour sa débauche. La Marquise utilise un discours argumentatif, dans lequel elle semble vouloir régler ses comptes avec Valmont. Nous nous interrogerons sur le caractère autobiographique de cette lettre. Nous verrons, dans un premier temps, en quoi madame de Merteuil fait dans sa lettre le récit d’une auto-formation. Dans un second temps, nous montrerons qu’elle est devenue une femme des lumières. Enfin, nous verrons qu’il s’agit en fait du portrait d’une libertine.
Nous pouvons constater, dans un premier temps, que la Marquise de Merteuil affirme être son propre ouvrage. En effet, elle utilise le champ lexical de l’éducation, accompagné de la marque de la première personne : « mes principes » (ligne 4), « règles que je me suis prescrites » (ligne3), « m’instruire » (ligne 15). L’emploi des verbes dont elle est à la fois sujet et objet revient aussi de nombreuses fois : « je suis mon ouvrage » (ligne 8), « m’instruire » (ligne 15) et « m’apprit » (ligne 15), « je me suis travaillée » (ligne 26) et montre bien qu’elle est autonome,