Commentaire littéraire
• Nous allons commenter un extrait de L’étranger d’Albert Camus, de 1942. Albert Camus poursuit d’abord des études de philosophie pour devenir journaliste par la suite. Il est question dans cet extrait du meurtre de l’arabe. Toute la scène se présente comme un concours de circonstances où le hasard joue un rôle déterminant. Mais en même temps, un certain nombre d’éléments insistent sur la fatalité de cette rencontre. En quoi toute cette scène peut-elle être qualifiée d’irréelle ? Nous allons voir quelle place occupent les éléments naturels et leurs rôles dans le geste de Meursault et dans un deuxième temps en quoi le meurtre de l’arabe par Meursault peut-être qualifiée : d’acte absurde.
• Tout d’abord, on remarque un certain châtiment biblique. En effet, tout un champ lexical indique ce rapprochement : « glaive » L15, « lame étincelante » L11. L’insistance avec laquelle le texte souligne que c’est le « front » qui est touché montre que l’agression se porte sur un endroit vital du corps : « Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front » L14. Dès cet instant, l’image du châtiment divin devient plus nette : « Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu » L17. Enfin, les coups de révolver sont « quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur » L22. Si la divinité ne doit pas être négligée, il est aussi important de voir que l’acte de tuer est comme une rupture de l’ordre de la nature. Dans ce décor immobile autant qu’insoutenable, c’est la vision qui est surtout soumise aux incertitudes et à l’aveuglement : « Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d’un coup sur les paupières et les a recouvertes d’un voile tiède et épais. Mes yeux était aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel » L11. La luminosité, ici, loin de rendre claire la perception, est source de confusion : « Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l’air de