Commentaire littéraire
Le poème «Demain, dès l’aube» commence par un alexandrin composé de trois compléments circonstanciels de temps : l’adverbe «demain», les groupes prépositionnels «dès l’aube» et «à l’heure où blanchit la campagne».
L’emploi du futur simple «je partirai» (en rejet sur le deuxième vers) nous donne à penser qu’un homme attend le point du jour pour partir. Pratiquement l’ensemble du poème est rédigé au futur («irai», «marcherai», «regarderai», «arriverai», «mettrai»). Ce temps est porteur d’un espoir : retrouver un être absent ou perdu.
La tombe
Celui qui dit «je» (à neuf reprises) cherche désespérément à rejoindre un «tu» présent uniquement dans la première strophe, c’est-à-dire dans les pensées du poète. Ce destinataire disparaît dans la deuxième strophe dans laquelle le poète exprime ses sentiments («seul», «triste» ; voir aussi la comparaison du vers 8) pour ne laisser qu’une tombe dans la troisième strophe. Le mot apparaît deux fois à la rime, car il y a homophonie entre le verbe «tombe» et le nom «tombe» qui révèle à la fin seulement la destination du poète.
Le poète est désormais “seul”, confronté à la douleur du deuil. Il exprime sa souffrance par la versification :
Je ne puis demeurer// loin de toi plus longtemps.
L'alexandrin est divisé en deux parties égales (des hémistiches de six syllabes) séparées par une césure (//) qui marque la moitié du vers. Au centre du vers, le mot «loin» ainsi mis en évidence, séparant le «je» du «toi». La séparation étant encore rendue plus douloureuse par la césure qui les éloigne, telle un gouffre.
Un poème lyrique
Ce n’est donc qu’à la fin du poème que l’on comprend que ce long trajet mènera le poète dans un cimetière, sur la tombe de sa fille Léopoldine qui s’est noyée quelques années auraparavant.
Ainsi, ce court poème de trois strophes est un poème lyrique puisque le poète y exprime ses sentiments. Mais ce n’est qu’à la fin que le lecteur comprend que le thème de ce poème est le deuil.